Olivier
JAKOBOWSKI


Octobre 2001

e petit village de Cârtza est situé au pied des Carpates entre les villes de Sibiu et de Brasov. Près de 1000 personnes y habitent sur les bords de la rivière Olt.
Cette commune a été mentionnée pour la première fois au début du XIIIe siècle quand des moines cisterciens français se sont installés sur son territoire. Au XVIe siècle, des protestants saxons sont venus. Aujourd´hui, il reste d'ailleurs plus de cent saxons avec une moyenne d'âge élevée. La plupart a quitté la Roumanie pour se rendre en Allemagne.
L'intérêt du village est d'abord le panorama exceptionnel des montagnes Fagaras mais aussi les multiples possibilités de randonnées pédestres et équestes.
Dès votre arrivée, il faut vous rendre chez Mircea Cruceru qui commencera par vous faire visiter l'abbaye cistercienne. Cet étudiant en théologie de Sibiu, de 21 ans, est originaire de Cârtza. Il possède une parfaite maîtrise de la langue française et des connaissances approfondies de ce territoire. Il a d'ailleurs déposé un dossier Défi jeunes à la Maison d'Ille-et-Vilaine de Sibiu. Il tente d´obtenir un financement en vue de créer un gîte rural et un petit espace informations touristiques à Cârtza.

Cette abbaye est considerée comme la plus ancienne construction en style gothique de Roumanie. Elle date de 1202. Elle a été reconstruite plusieurs fois.
Le monastère est l'un des plus importants construits par les moines cisterciens dans le sud-est de l'Europe au début du XIIIe siècle. Il a un style gothique avec des rémiscences romanes.
Ces moines cisterciens français ont reçu la mission de bâtir une nouvelle abbaye, un nouveau monastère de propagation de la parole divine face à cet obstacle naturel que représente la montagne transylvanienne.
Lors de leur arrivée, les bord de la rivière Olt n'étaient pas déserts puisque des paysans y travaillaient la terre. Ils ont donc construit l'abbaye dans les marécages afin de ne pas gaspiller les terres cultivables.

En 1241, les invasions tatars ont complétement dévasté l'abbaye. Ses portes de fer ont été fondues pour la fabrication des épées. Les cloches ont été jetées dans l'étang. Selon les anciens du village, les cloches sonnent du fond du lac et les sons peuvent être entendus par les enfants purs et innocents uniquement lors de la soirée du jour de Pâques.

Le dernier abbé de l'abbaye a complétement abandonné la règle cistercienne et a transformé ce lieu saint en lieu de débauche. Les moines ont d´ailleurs été assassinés par les paysans suite a leurs excès. Ces ecclésiastiques recevaient un tribut de la part des dix villages environnants, aussi, il est possible que l'augmentation du coût de cette charge pour financer les repas festifs des prélats libertins soit la raison de leur massacre par la population paysanne en colère.
Le 27 février 1474, Matei Corvin, roi de Hongrie a définitivement fermé cette abbaye.

Il reste le chœur de l'église transformée en église évangélique paroissale depuis la fin du XVe siecle. On peut aussi trouver la tour d'entrée, les ruines du monastère et un cimetière de soldats allemands tombés en 1916 à Sibiu dans l'ancienne nef. Du sommet de la tour de l'abbaye, on peut apercevoir l'ensemble du village ainsi que ses splendides alentours.

Les anciens du village affirment que cette abbaye recèle encore des secrets. Ils vous raconteront l'histoire d'un trésor caché par les moines et d'un tunnel secret qui pourrait traverser la rivière Olt jusqu'à la forêt. Ce réseau de galeries secrètes sous le village.pourrait correspondre a une réalité. De la tour, Mircea Cruceru vous montrera un lieu vers l'Est. Cet endroit s´appelle la "Gueule du bord". De ce lieu, les moines ont extrait la pierre afin d´ériger leur édifice religieux. Sur le sommet de la colline, on trouve un mur d´argile au-dessous duquel se trouve une entrée de grotte qui semble s'être éboulée. On dit que les moines s'abritaient dans ces deux petites cavernes lors des attaques tatars ou turques.

Au sein de cette magnifique abbaye, la vie des moines cisterciens était austère. Ils dormaient sur de la paille dans une chambre commune non chauffée. Leur journée débutait à 3 heures du matin. Ils ne mangeaient pas de viande mais buvaient du vin. Ils considéraient cette boisson comme leur unique source de puissance. C'est à croire que les chemins de la foi prennent parfois des sentiers éthylique… Ils vivaient dans le silence, la soumission, la prière et travaillaient énorrmément. La philosophie était un grave péché et la curiosité était un vice.

Les différentes abbayes cisterciennes d'Europe communiquaient entre elles et les moines s'échangeaient les idées nouvelles pour rendre plus attractives «ces citadelles de Dieu».
Le responsable du lieu se rendait très souvent en France et visitait de nombreuses abbayes sur son itinéraire.

Des rumeurs courrent que les murs massifs qui datent de plus d'un millénaire tremblent. Certains parlent de fantôme. Des séances d'exorcisme ont déjà eu lieu pour libérer l'âme de ce spectre. Était-il turc, vandale, hongrois, roumain… Tellement de peuples sont passés dans cette magnifique contrée, qu'il est très difficile de savoir.

Dans le jardin de la maison du curé, on trouve une petite source qui coule sans cesse et qui ne gèle jamais. Cette source a été deviée par les premiers moines cisterciens du cœur des montagnes de Fagaras, à partir de la rivière Bâlea. Ce simple fil d'eau coule depuis plus de huit cent ans.
Sur cette source se trouve une petite roue où s'agitent trois petits marteaux en bois. Ces marteaux frappent une planche en bois et cela produit un rythme sonore. Ce dernier symbolise l'écoulement du temps et nous rappelle aussi les prières incessantes des moines.

L'église orthodoxe Cuviosa Parachive de 1826 et son cimetière
Le cimetière paysan de la commune
Le moulin médiéval à eau sur la rivière Balea
La Maison de Maria Tanase, chanteuse de musique populaire très connue dans le Monde et appelée le "rossignol du chant roumain"
La forêt qui peut être visitée en traversant la rivière avec le bac (pont flotteur) ou par le vieux pont suspendu en bois.
L'ancienne fabrique de chanvre et de lin (une partie a été transformée en fabrique pour travailler le bois).
Les lacs des deux barrages situés sur la rivière Olt
À 10 kms de Cârtza, à Cartisoara, il y a la maison musée de Badea Cartan. Ce paysan illuminé est allé cinq fois à pied à Vienne et Rome . À Rome à côté de la colonne de l'Empereur romainTraian, il s'est déguisé en dace, ancien habitant de la Roumanie avant la conquête romaine.
À 30 km de Cârtza, sur les montagnes de Fagaras, il y a les chalets Balea lac et Balea cascade. La télécabine et la route sont les moyens d'accès.
Fête traditionnelle des burduhosii du 8 janvier où les jeunes se déguisent en tziganes et en ours.


Olivier JAKOBOWSKI

Pour de plus amples informations
E-mail : olivier.jakobowski@netcourrier.com


Photos de Cârtza et des environs de Sibiu dans notre Portfolio:
http://esteurop.free.fr/portfol.html

Un tourisme éthique

Un tourisme dynamisant pour l'économie et un moyen de conserver ou de faire revivre les cultures locales.

Certes, le tourisme peut être un instrument de destruction sociale et culturelle, mais il peut aussi favoriser le développement des cultures régionales, des arts populaires et des musées. Par exemple, beaucoup d'édifices religieux et archéologiques ont été sauvés de la destruction davantage grâce au tourisme qu'à cause de la valeur qu'ils representaient pour la population locale. De plus, certains paysages ont pu servir à améliorer certains paysages et à être a l'origine d´ensembles architecturaux et urbains originaux.


Qui sont les cisterciens?

Simple restauration de la règle bénédictine à l'origine. Citeaux fut en pratique un ordre nouveau dont le maître spirituel, Saint Bernard repandit l 'influence jusqu'aux extrémités de l'Occident chrétien. En 1098, un moine bénédictain Robert de Molesme, érigea dans la solitude de Citeaux, près de Dijon, un monastère réformé.
Les principes de la vie cistercienne furent établis par les Pères fondateurs, en adéquation avec l'attente spirituelle de leur époque. Les premières générations de cisterciens développèrent cette spiritualité nouvelle, axée sur la démarche individuelle et non plus sur une simple délégation de la prière à un groupe social comme cela se pratiquait depuis l'époque carolingienne. La cohérence remarquable entre la doctrine et la pratique de la vie monastique a permis a cette spiritualité de s'adapter à toutes les époques, d'entreprendre les réformes grâce auxquelles elle est toujours vivace.