Par
Yannick
Champain

Mars
2003


La crise actuelle suscitée par l’acharnement stratégique contre l’Irak nous entraîne vers une remise en cause profonde des orientations de nos sociétés et particulièrement de nos choix énergétiques.

Jusqu’à une époque récente de l’histoire, le bois était la principale source d’énergie et l’est encore pour des millions de foyers dans le monde. Les périodes fastes des 12 et 13e siècles en Europe illustrent ce que peut être la gestion durable d’une ressource naturelle essentielle : les forêts. C’est aussi au Moyen-Age que fleurirent les moulins à eau et à vent. Avec la révolution industrielle, c’est tout d’abord la vapeur à eau qui s’est développée, produite par un feu de bois puis de charbon. Les besoins en charbon sont allés en grandissant avec le développement de la métallurgie et ce n’est qu’au 20e siècle que les utilisations du pétrole et du gaz naturel se sont développés pour devenir primordiales.

Aujourd’hui face aux enjeux mondiaux que représentent les énergies, il est urgent de développer d’autres sources d’énergies produites localement et renouvelables. La communauté internationale devra faire pression sur les Etats-Unis, premier gaspilleur d’énergies pour qu’ils réduisent leur consommation et développent les énergies nouvelles. Le choix des énergies nouvelles a aussi des implications dans notre vie quotidienne : l’énergie solaire utilisée dans une maison individuelle permet, à elle seule, de réduire de moitié les besoins en chauffage au nord de la France. L’énergie éolienne développée dans une échelle maîtrisée peut subvenir aux besoins en électricité de petites unités, villages ou industries isolées sur tout le littoral et en de nombreux endroits dans les terres. Pour les transports également des énergies alternatives existent, le moteur à eau, le moteur à air comprimé qui équipe déjà des voitures fabriquées en France, le moteur électrique, etc. Pourquoi les moteurs de voitures économes et de plus non polluants ne sont-ils pas plus développés ?

Le développement de ces énergies n’est pas suffisamment soutenu dans notre pays. Par exemple, les implantations d’éoliennes sont bloquées localement par des mesures de protection de l’environnement qui, si elles sont justifiées sur le plan visuel, n’établissent pas la comparaison avec les lignes à haute tension dont l’impact visuel est beaucoup plus important et qui génère une forte pollution électromagnétique. La production locale d’électricité permet en effet de réduire la distribution par lignes à haute tension. De même l’énergie solaire suscite des réticences et son utilisation est notamment freinée par les distributions de gaz naturel qui lui vient… d’Asie Centrale !

Les grandes compagnies pétrolières et gazières et de production électrique de masse n’ont bien entendu pas intérêt à un développement de ces énergies autonomes renouvelables et non polluantes. C’est pourquoi seule une volonté politique ferme et désintéressée peut permettre de réduire les besoins en énergies (et particulièrement en énergies fossiles), de soutenir les énergies renouvelables (solaire, éolien, bois, biomasse, géothermie, etc.), et de soutenir la production de matériaux de construction peu consommateur d’énergies et recyclables (terre, bois, chanvre, lin, etc.)

Réduire nos besoins en énergies fossiles et limiter l’exploitation des ressources naturelles des pays du sud, c’est aussi leur permettre de vivre décemment et en paix. Une politique humaine dans nos pays développés devrait aider à l’autonomie des pays du sud et non accentuer leur appauvrissement dans le but de satisfaire nos besoins.


Yannick Champain