 
|

  |


Éditorial Janvier 2001 |
  

Didier SCHEIN
Janvier 2001
e siècle qui sachève, plus que tout, aura été marqué par laccélération du rythme du développement humain : jamais les conquêtes technologiques ne sétaient propagées à une telle vitesse quau XXe siècle. Aujourd'hui lhomme, les produits et les informations se déplacent de plus en plus vite tout autour de la terre et les espaces sinterpénètrent toujours plus dans de gigantesques réseaux à léchelle de la planète. Léconomie se mondialise, et le « toujours plus » semble bien simposer comme la devise du capitalisme triomphant. Car la fin du XXe siècle aura vu aussi, avec la chute du modèle soviétique, lextinction de lalternative. Aujourd'hui le capitalisme, dans son dernier stade de développement, mondialisation ou globalisation, peu importe le terme quon voudra lui donner, paraît être le seul et unique moyen de développement des sociétés humaines, quels que soient leurs héritages historique et culturel. Pourtant les contradictions du système sont toujours plus exacerbées : la majorité de lhumanité, malgré une intégration de plus en plus généralisée à la division internationale du travail, demeure exclue du système et connaît une misère intense ; les anciens pays socialistes adoptent des mesures libérales dintégration à léconomie de marché mondiale
au prix du sacrifice dune, voire de plusieurs, générations; tandis quen Occident la consommation « massive » des libertés, comme dun produit matériel, déjà considérées comme innées malgré leur conquête encore récente, a conduit à une crise morale et spirituelle sans précédent. Alors que la population mondiale continuera à saccroîre encore pendant plusieurs décennies et que la masse de ressources biologiques, les dons de la planète, commence à montrer des limites, le véritable défi du XXIe siècle est bien celui de nourrir lhumanité et doffrir à chacun une vie décente. Le capitalisme mondial, tel quil se révèle aujourdhui, en est-il vraiment capable ? La division internationale du travail et léchange inégal ne sont-ils pas une forme de nouveau colonialisme ou, pour reprendre des mots célèbres mais trop vite oubliés, «dexploitation de lhomme par lhomme » ? Pour réaliser le grand défi du siècle qui souvre, la recherche dune alternative est nécessaire. Mais celle-ci ne pourra exister que si préalablement une révolution ait lieu, non pas tant une révolution politique, économique ou sociale, mais une révolution avant tout morale ; à la mondialisation de léconomie et des échanges, il nous revient dopposer la construction dun humanisme mondial. Un nouvel humanisme capable de considérer le développement durable des sociétés comme la responsabilité de chacun. Lavènement d'une citoyenneté mondiale, par la conquête individuelle de cette responsabilité, doit constituer une alternative au système-monde, car aucun progrès matériel ne peut exister sil ne saccompagne de progrès spirituel.Nous formulons donc les vux que ce nouveau siècle soit marqué par une responsabilité accrue de tous, et par le renouveau de la conquête spirituelle et de lhumanisme, constituant indispensable dune véritable alternative.
 
|
 |