Éditorial
Février 2002



Je suis allé au marché, tôt ce matin. J'aime les marchés, ces manifestations de grande convivialité, de décontraction et de libre entreprise. Je me suis arrêté au Rallye, boire un café et lire le journal. Cette semaine, les deux forums concurrents, celui de Davos–New-York et celui de Porto-Alegre occupent une grande place dans l'actualité. Je me rassure en constatant que si la mondialisation et le cynisme des ultras-libéraux menacent les plus faibles, les plus fragiles, et l'équilibre global de la planète, elle offre aussi la possibilité de créer de nouvelles solidarités et des liens entre citoyens de bonne volonté au dessus des frontières.
En m’en retournant, deux jeunes bourgeois se garent dans la rue. Certainement plus habitués à circuler dans les zones d'activité, ce n'est probablement pas sur un parking de supermarchés qu'ils ont appris à faire les créneaux. Les vitrines de la petite rue pavée du centre de Rennes vibrent sous les moteurs en attente. Ils sortent poussette et caniche de leur belle auto neuve. Mais l’homme s’inquiète : le stationnement ne serait-il pas payant à cette heure-ci ? «C’est pas grave, c’est bientôt les élections», répond sa femme.

Nous ne pouvons qu’être rassurés sur le sort qui attend les malheureux et les laissés pour compte de la mondialisation et du dérèglement des marchés.
Entre les fantaisistes et les affairistes, les Français sauront (du moins ceux qui ont un domicile fixe et donc le droit de vote) choisir celui qui sera à même de mener le vaisseau France dans cette mer tumultueuse et écumeuse.



Laurent GIRARD
Février 2002