23 janvier 2003


« Jeux de mémoire »


Vivre à l’étranger procure parfois l’avantage d’avoir une vision plus saine sur le pays d’où l’on vient car les choses sont vues avec suffisament de détachement, de recul, non pas seulement un recul géographique, mais un recul aussi temporel qui, en quelque sorte, aide à retrouver la mémoire… Exemple : quel est le principal problème auquel sont confrontés tous les gouvernements français depuis le début des années 1970 ? La délinquance, non… l’immigration, mais non enfin… cherchez plus loin dans vos souvenirs, allons, ne dites pas que vous avez déjà oublié, creusez jusqu’à la racine des maux… Voilà, nous y sommes : le chômage ! Ce problème sur lequel tous les dirigeants français se sont cassé les dents. Alors le gouvernement actuel a décidé de s’attaquer au problème d’une autre façon, sachant bien qu’il est insoluble, et de le prendre non pas à la racine, mais directement dans le feuillage… Car l’arbre est trop lourd pour être déraciné, mais il faut quand même bien se faire réélire dans 4 ans… Et donc, attaquons-nous alors à toute cette racaille basanée, à tous ses passeports dont on ne comprend pas un traitre mot ! Et plus énergiques seront les mesures, plus la poudre aux yeux aura des vertus aveuglantes. Car l’essentiel est bien de trouver des boucs-émissaires pour perdre la mémoire. Mais attendez donc… fouillez un peu dans vos souvenirs, si jamais vous en avez encore… La technique du bouc-émissaire, ça ne vous dit rien ? Non, franchement ? Allons, un petit effort… Non, pas Jeanne d’Arc… un peu plus près… Les années 40…. Mais non, pas l’Allemagne, mais le pays juste à côté, de forme hexagonale… Car, je ne voudrais pas décevoir les tenants de la coopération franco-allemande, mais pour ce qui est de la haine et de l’aveuglement, nous n’avons rien à apprendre chez nos amis d’outre-Rhin. Pour preuve, souvenez-vous donc un peu : Dreyfus, Maurras, Brasillac, Pétain, Poujade, Tixier-Vignancour, tout ce fil noir qui nous mène jusqu’en 2002, aux présidentielles, le premier tour… vous vous souvenez ?… et jusqu’à aujourd’hui… à Calais…
Vivre à l’étranger et regarder le pays d’où l’on vient à travers le prisme du temps peut parfois aider à faire le point sur soi-même. Pourquoi ai-je quitté la France ? Ca, ce sont des raisons privées dont je ne parlerai pas ici… Mais pourquoi suis-je aujourd’hui plus que jamais décidé à ne pas y revenir ? Parce que je sens maintenant de plus en plus que la seule attitude que je puisse adopter est celle de l’exil, un exil sinon politique, mais au moins moral… Car vois-tu, Sarkozy, moi aussi je suis un juif allemand ! ! Et je persiste, tu m’as compris, Sarkozy, je suis un JUIF ALLEMAND ! ! ! Et je ne suis pas le seul, mon p’tit gars, alors cherche ! cherche bien !…


Didier Schein