Bogdan
Stefan

Décembre 1994

e cinéma roumain n’est pas trop connu en France? Rien d’étonnant en cela puisque la cinématographie roumaine est prise, elle aussi, dans les tourbillons de la difficile transition vers l’économie de marché.
L’inflation et le manque d’investissements rendant de plus en plus difficile l’aboutissement d’un film, les seuls projets qui ont le moins de mal à se concrétiser sont ceux qui bénéficient du statut de coproduction. Devises occidentales à l’appui, de tels films peuvent démarrer en espérant trouver au bout du chemin un public qui peut être aussi celui d’un pays étranger. Les premiers qui ont répondu à cette demande ont été les producteurs français et 1994 est l’année où 3 productions ont vu le « noir » des salles de cinéma françaises. Il faut mettre en évidence le courage des partenaires français qui ont investi de l’argent, et surtout de l’espoir, dans des jeunes cinéastes roumains qui débutaient. D’ailleurs ceux-ci n’ont pas déçu, puisque « Trahir » de Radu Mihaileanu gagne plusieurs prix au festival de Montréal et « Les Dimanches de permission » de Nae Caranfil figure dans le cadre du festival de Cannes.
Le troisième film est la confirmation de la maturité d’un cinéaste roumain (le seul à avoir un certain renom en France) qui semble trouver en même temps une seconde jeunesse ces dernières années. Il s’agit de Lucian Pintilie et de son « Un été inoubliable ».
La concurrence sur le marché audio-visuel étant de plus en plus importante, un tel succès est méritoire au vu du fait que bon nombre de pays de l’Est (notamment la Russie et la Pologne qui possèdent des écoles de cinéma plus renommées mais qui ont les mêmes problèmes économiques) profitent aussi de ces investissements pour faire valoir leurs cinéastes et leur culture.
Mais si les coproductions jouent un rôle très important dans l’économie du cinéma roumain en tant que grosses locomotives, il y a d’autres cinéastes moins connus mais qui peuvent toujours faire preuve de leur originalité et de leur force de création. Pour eux, pour tous ceux qui veulent débuter comme cinéastes, mais aussi pour le public roumain il faut mettre en place un système complexe d’aides qui puisse mettre en valeur le cinéma dans ses deux dimensions, artistique et industrielle, qui se rejoignent quand même sur le terrain du spectacle.

Bogdan Stefan