es 17, 18 et 19 mai au Kino Ciné, à Villeneuve-d'Ascq, vous aurez loccasion de découvrir ( ou de redécouvrir dans une autre ambiance) un cinéaste roumain : Lucian Pintilie.
On a voulu ainsi faire mieux connaître un des plus représentatifs cinéastes roumains, surtout encadré de plusieurs de ses films à travers lesquels il essaye de peindre, avec les yeux du cinéma, les traits dune réalité qui est souvent regardée dune façon monotone et pleine de clichés. Lucian Pintilie éclaire et capte cette réalité roumaine à sa façon, cest vrai, sous son style de vue personnel mais en même temps il enrichit cette vision en lavouant comme la sienne ; son apparition à la fin de « Scènes de Carnaval » (film censuré de 80 à 90) en train de manipuler lumières, caméras et acteurs, nest-elle pas le reflet dune éternelle tromperie de soi-même : cest lartiste qui croit diriger et maîtriser le monde quil vient de créer, mais en fait, ce monde lengloutit en faisant de lui son acteur. Jécrivais dans le numéro précédent que la plupart des metteurs en scène roumains sont arrivés derrière la caméra après avoir fait leurs débuts (et en y puisant une source dinspiration particulièrement riche) au théâtre. Lucian Pintilie nest pas une exception, un de ses spectacles a constitué pour lui le début de la fin de sa carrière dans la Roumanie socialiste. Il reviendra après quelques années et après quelques succès sur les scènes parisiennes, pour réaliser un film tiré dun des classiques de la littérature roumaine, Ion Luca Cariagale, dont luvre se constitue dans une sorte de microscope de lâme roumaine dans tous ses états. « Scènes de Carnaval » est donc la mise en images dune infatigable et effrontée vitalité roumaine, vitalité qui nous a toujours empêché daller jusquau bout de nos idéaux, de nos drames, de nos souffrances. Il y a quelque chose (quon pourrait appeler « leuphorie du désastre » et elle nous a fait survivre à plus de cinquante ans de dictature), une blague, un plat, une déconnade qui nous a fait manquer notre rendez-vous avec le tragique. Le metteur en scène qui apparaît au pré- et au post-générique nous dit et redit quune fois quil a vu et enregistré tout cela, la nausée et lhorreur sont totales. Le verdict est implacable, il ny a plus de solutions. Seul le retour au spectacle de cette vitalité, peut se constituer dans une remise en question qui pourrait amener une future réponse.
Jécris tout cela sur le film avec lespoir que mon évocation fasse office de prière puisque « Scènes de Carnaval » ne figure pas sur la liste des films distribués en France et que seul un miracle (que L. Pintilie ait le temps daccepter notre invitation et quil amène avec lui sa propre copie du film) pourrait nous le faire voir dans le cadre de la rétrospective. Cependant, même si rien de spécial ne va se passer, le Kino et Esteurop (partenaire de cet événement) vous invitent à participer à la rétrospective qui comporte jusquà maintenant, les deux derniers films de Lucian Pintilie : « Le Chêne » et « Un Été inoubliable » avec un programme de soirées roumaines.
Bogdan Stefan