Laurent
Girard

Octobre 1998

u 30 août au 6 septembre 1998 a eu lieu à Arzano, en Bretagne, une rencontre entre soixante-dix jeunes d’environ 30 pays différents. Ce séminaire était organisé par l’AEC(1), avec l’association Aqualta(2), et la coordination assurée par Bernard Dréano, fonctionnaire au ministère du travail et membre du comité exécutif de HCA. De nombreuses autres associations et collectivités locales ont aussi apporté leur contribution, permettant ainsi aux participants de découvrir la région et ses habitants.
Au programme, plusieurs conférences : Le modèle français d’État-nation, ses contradictions, ses imitations ; Migrations, ethnies, communautés…, Identité et culture, le cas de la Bretagne ; Femme et identité ; Autodétermination, droits des peuples et conflits « ethniques »… les participants, réunis en groupes devaient ensuite réfléchir sur ces différents thèmes, en confrontant leurs expériences.
Au vu des origines des différents étudiants ; Bosnie, Serbie, Kosovo, Monténégro, Macédoine, Arménie, Azerbaijan, Nagorno-Karabakh, Géorgie, Russie, Ukraine, Tchad, Thaïlande, Kazakhstan, Slovaquie, Brésil, Albanie, France, Turquie, Grèce, États-Unis, Moldavie, Italie, Écosse, Pays-Bas, Estonie, Maroc, Roumanie, République Tchèque, on ne peut que s’attendre à des débats très intéressants. Nombreux sont ceux qui viennent de pays qui sont, ou qui ont été en guerre. C’est d’ailleurs un des objectifs principaux de ce séminaire que de permettre à des jeunes de ce rencontrer, de discuter, de lier des amitiés au delà des conflits, sans qu’il soit malgré tout question d’effectuer un suivi à long terme.
Une première constatation s’est rapidement imposée. Même si votre serviteur a pu communiquer en roumain avec une Magyare de Roumanie et une Russe de Moldavie, c’est bien l’anglais qui s’est imposé comme langue de communication. Les français, par manque de connaissance approfondie de cette langue, se sont vus contraints, dans leur majorité, à suivre les conférences traduites en simultané (par un Gallois !) ou à rester entre eux dans les groupes de discution, ce qui bien sûr n’engageait pas à l’ouverture…
Même si une langue peut être commune, il n’est pas certains que les mots soit compris de la même manière. Chacun porte un vécu, une histoire, des concepts différents. Et quand Christian Guyonvac’h, responsable de l’UDB(3), expose sa conception d’une Europe fédérale et solidaire où les Bretons seraient autonomes, il va sans dire qu’il étonne plus d’un Caucasien, habitués à voir dans les États ouest-européens des modèles politiques.
Mais ces préoccupations politico-philosophiques semblent bien secondaires quand il s’agit de faire la fête. À l’invitation du patron de l’auberge voisine, tout ce beau monde était convié le jeudi à un fest-noz(4) auquel s’était jointe la population locale. Les pas de danse bretonne furent vite appris, et cercles ciracassien, polkas sonnaient comme étrangement internationaux.
Pour L’Un [EST] l’Autre, ce séminaire a été une occasion inespérée de lier des contacts avec de nombreuses personnes prêtes à participer à sa rédaction. Le thème de l’identité pourait être abordé dans un prochain numéro. Nous souhaitons aussi pouvoir offrir prochainement à nos lecteurs des informations sur la vie quotidienne dans des pays peu connus, à l’image de l’entrevue de Bogdan, en page 6 de ce numéro. Bien sûr, n’hésitez pas à nous faire par de vos interrogations sur les États-Unis, la Moldavie, l’Azerbaijan, la Roumanie.

Laurent GIRARD

Notes :

1. Assemblée Européenne des Citoyens ; branche française de la Helsinki Citizen’s Assembly (HCA).
2. Aqualta est née de la rencontre de plusieurs associations de jeunes architectes. Elle est à la base de plusieurs projets d’exposition en ex-Yougoslavie et d’actions de soutien aux étudiants de Belgrade en 97.
3. Union Démocratique Bretonne, membre de la coordination Régions et Peuples Solidaires.
4. Fête de nuit, soirée dansante.