 
|

 

 |


Laurent
Girard
Mai 1999
complété et actualisé en 2003 |
  
Très bien référencé sur Google avec les mots Nantes & Bretagne, ce texte reste d'actualité puisqu'une manifestation est prévue à Nantes sur le sujet le 18 juin 2011.
L'auteur l'a relu le 14 juin, mais n'a malheureusement pas le temps de l'actualiser.
Conscient que certaines questions pourraient être approfondies ou mieux argumentées, il encourage les lecteurs à ce rendre à Nantes le 18 juin afin de rencontrer les différentes associations qui aujourd'hui portent la revendication, parmi lesquelles Bretagne réunie.
Face à ce qui peut être considéré comme une grosse arnaque politique et intellectuelle ; la région Pays-de-Loire et la promotion de son identitarisme niaiseux, le citoyen doit reprendre la parole.

« Comme il y avait urgence, il sétait enfermé dans son bureau avec ses crayons de couleurs pour tenter de regrouper les départements français de la meilleure manière possible ; et après plusieurs tentatives, il avait rendu sa copie. Plus tard, lorsque les régions seront institutionnalisées sur la base du même découpage, il me confiera quil avait du mal à réaliser ».
Georges Pierret, ancien secrétaire général de la Conférence des régions périphériques maritimes, dans son ouvrage Régions dEurope (éditions Apogée, Rennes, 1997), à propos du travail de Jean Vergeot, commissaire général adjoint au Plan, ancien collaborateur de Jean Monnet
e 6 mars dernier avait lieu à Nantes une manifestation pour la réunification de la Loire-Atlantique à la Bretagne.
Le visiteur qui passe à Nantes ne manque pas de se poser la question. Nantes est-elle en Bretagne ? Parfois il sen soucie peu, dautres fois, il ne manque pas de donner son avis avec lassurance du géographe du dimanche. La sentence tombe, irrévocable : « Nantes, cest pas la Bretagne ». Pour la sixième agglomération de France, et lun des premiers bassins industriels français, ne pouvoir être située avec plus de précision ou par défaut, relève du complexe.
Le sujet ne mériterait pas plus dattention sil ne révélait un certain nombre de blocages et dabsurdités dans le fonctionnement de la démocratie française, et dune idée particulièrement restrictive de lidentité, jusquà la négation de toute personnalité.
À leur niveau, les revendications politiques et culturelles bretonnes sinscrivent dans ce mouvement contradictoire local/global, central/périphérique que connaît notre début de siècle.

Après la chute de lEmpire romain, cest dans une zone englobant les cités de Nantes et de Rennes que se rencontrèrent les populations franques venues doutre-Rhin et les Bretons, venus de Bretagne (lactuelle Grande-Bretagne). Durant plusieurs siècles, elle fut lenjeu de nombreuses guerres entre les aristocraties des deux parties.
Nantes devient bretonne au IXe siècle suite aux conquêtes du roi Nominoë, ses successeurs pousseront quant à eux la frontière jusquaux portes dAngers et engloberont le Cotentin.
Puis, elle est ravagée par les Vikings à plusieurs reprises. Un État indépendant quils constituent contrôlera toute la basse Loire, durant plusieurs décennies. Ils en seront chassés définitivement par Alain Barbetorte en 937, qui affirme le rôle prédominant de lancienne cité des Namnètes dans le duché breton.
Depuis cette époque, les contours de la Bretagne ne changeront pratiquement pas, comprenant même le Pays de Retz (entre la Loire au nord, et le Bas-Poitou [lactuelle Vendée] au Sud).

Le 30 juin 1941(1), par décret du régime de Vichy, la Loire-Inférieure(2) est séparée de la Bretagne dans le cadre dune vaste réorganisation du territoire français et de son ravitaillement. Nantes intègre une région dont Angers (ville de moindre importance mais siège des institutions allemandes) est la préfecture.
Après la guerre, les intérêts contradictoires de Nantes et de Rennes pour le rôle de « capitale bretonne(3) » empêchent lélaboration dun schéma constituant une Bretagne à cinq départements. En 1960, le gouvernement Debré concrétise le découpage du régime de Vichy, Nantes devient préfecture des « Pays-de-Loire » au détriment dAngers.
Au cours de la maturation des régions comme véritables structures politiques, et malgré protestations et contre-projets des Nantais, les gouvernements suivants, sans réelle connaissance de la réalité socio-culturelle locale, ne remettront nullement en question ces limites. Sil avait voulu diviser la Bretagne pour mieux y règner, lÉtat ne pouvait mieux procéder.

Assurément. La présence en son sein du château des Ducs, symbole de lÉtat Breton latteste. Elle lest aussi par le rôle inestimable quelle a joué dans lhistoire de ce pays et par le fait que sa puissance économique put garantir son indépendance puis son autonomie.
La présence bretonne dans la basse Loire est aussi ancienne, la toponymie, même francisée, latteste : Pornic (Pornizh), Guérande (Gwenrann), Le Gâvre (Ar Chavr), Paimbuf (Penbo), Le Pouliguen (Ar Poulgwenn)
Nantes nest pas moins bretonne que Rennes. De plus, son rôle attracteur conduisit de nombreux bretonnants à sy installer, entretenant une pratique, minoritaire certe, mais continue de la langue bretonne et lui valant dinnombrables citations dans les chants populaires (
et dans tous les grands ports du globe). Les nombreux liens familiaux et économiques, tissés sur la côte sud de la Bretagne à toutes les époques, assurent un flux régulier de personnes, détudiants, dentrepreneurs, dartistes
Nantes est dépositaire dune partie importante du patrimoine historique et des archives de Bretagne, et de nombreux Nantais jouèrent un rôle important dans la prise de conscience nationale toute au long de ce siècle, parmi lesquels, et non des moindres : Morvan Lebesque.
Cest aussi principalement au départ de Nantes que sest faite lindustrialisation de la province. Elle véhicule donc une grande partie de la mémoire sociale, industrielle et urbaine dune société bretonne que lon voudrait résumer à sa ruralité et à ses archaïsmes ; le faire-valoir dune France moderne et civilisée
Enfin, le comportement électoral des Nantais se rapproche de celui des autres bretons, modéré et pro-européen, et diffère sensiblement de celui des départements voisins, davantage clérical, voire réactionnaire.
Cependant, lidentité de Nantes ne peut se résumer à son seul caractère breton. Au carrefour de lArmorique, de lAquitaine et du val de Loire (puis ville dimmigration), lieu de métissages et déchanges, elle est un exemple concret que les identités ne se juxtaposent pas, mais se superposent et se complètent, se partagent, et saffirment à des degrés divers de conviction
En tout état de cause, sa richesse culturelle et historique, ses potentialités économiques et la force de ses contradictions, ne peuvent la réduire au rôle de « capitale » dune région aussi artificielle quimpersonnelle : les « Pays-de-la-Loire ».

Rassemblant, le Pays Nantais, la Vendée, le Maine et lAnjou, les Pays-de-la-Loire, région créee de toute pièce, se sont très vite confrontés à une carrence identitaire. Conscients des lacunes culturelles de leur région, ses dirigeants ont su utiliser les moyens modernes de communication pour justifier son existence, lui donner une légitimité antécédente à sa création et créer un « sentiment d'appartenance régionale ». Ainsi la région sest dotée dun blason ; logo à la mode « ancien régime », dun drapeau ; patchwork des symboles héraldiques des provinces concernées (dailleurs brandit sans complexes par les groupes intégristes catholiques), dune « capitale » ; Nantes, qui nen est que le chef-lieu administratif, enfin dun « palais » situé à deux kilomètres du centre-ville (preuve de la proximité des institutions davec le citoyen) et entré au panthéon des monuments historiques avec l'annuelle ouverture au public pour les fêtes du patrimoine.
Le nom de cette région est par ailleurs une usurpation. Seuls deux départements sur cinq sont caressés par le cours de la Loire, et ce fleuve fait davantage référence à la « vallée des Rois » allant de Angers à Orléans, caractérisée par ses châteaux
et ses vins.
Suivant un principe bien français qui veut que la réalité corresponde aux définitions que lon en fait, cest avec une méticulosité de collectionneur que lon recrée tous les stéréotypes de la province, que lon révise lHistoire. Ce qui est trop différent, ce qui nentre pas dans la boîte est systématiquement ignoré ou expulsé.
Lidentité ligérienne se construit avant tout par la négation et le dénigrement de la dimension bretonne de Nantes (parfois même sur le passé contre-révolutionnaire de lOuest). Les jeunes générations sont les premières victimes dune propagande qui ferait pâlir denvie plus dun stalinien. Il y a deux ans, le service communication de la région avait fait réaliser un clip vidéo, diffusé dans les lycées, où sur un rythme « rap », on vantait la joie de vivre dans les Pays-de-la-Loire ! Les éditions touristiques apportent elles aussi leur contribution, enfin, une presse proche des milieux conservateurs nest pas en reste. Nous sortons des domaines culturel, historique ou géographique pour entrer dans celui de la communication, de la manipulation du langage et des images. La limite départementale entre la Loire-Atlantique et le reste de la Bretagne est peu à peu devenue une « frontière » (dans lécrit mais aussi dans le langage courant), et au dessus de laquelle linformation (particulièrement culturelle) circule très mal. Les Bretons à Nantes deviennent des « immigrés » et les Nantais ne sont pas de « vrais Bretons ». De là dire quêtre breton se limite à une appartenance ethnique et monolithique il ny a quun pas, qui malheureusement est déjà franchi(4). Enfin on ne manque pas de titiller la susceptibilité du lecteur en relançant le débat sur lappartenance de Nantes à la Bretagne. Comme si le citoyen navait pas autre chose à faire que de se voir systématiquement remis en question !
Lors dune réunion des maires de la région à Nantes, en mars 1999, le premier magistrat dune commune de la Sarthe voulut savoir « ce quil en est des vues de la Bretagne quant à lanexion de la Loire-Atlantique (sic) ». La loire-Atlantique serait donc une sorte dUlster, qui démangerait lestomac français
Soyons sérieux !
Les arguments développés pour nier la bretonité de Nantes font généralement appel à la logique à sens unique quand ils ne sont pas odieusement racistes, révisionnistes, réactionnaires ou antisociaux. Exemples.
On n'aurait jamais parlé breton à Nantes. Il y a un siècle on ne parlait pas non plus français dans les villages de Bretagne et encore moins dans la plupart des pays francophones. Quelle légitimité y a-t-il à le parler aujourd'hui, sinon en plaçant la langue et la culture françaises en état de supériorité ?
Les Francs auraient été à Nantes avant les Bretons. Ce thème de la première occupation est celui qui fut utilisé par les Serbes au Kosovo, avec les conséquences que l'on sait. Le magazine LExpress publiait l'an dernier un dossier sur la Bretagne en l'an mille. Une carte représentait la région sans le Pays nantais, qui pourtant en faisait partie. Le décrêt de 1941 aurait donc eu pleine valeur dès cette époque ! LHistoire devient une science toute relative.
Pour le maire de Saint-Nazaire, M. Batteux (MDC), reconstituer la Bretagne serait un retour à l'Ancien régime. Il est étonnant de voir un républicain cautionner ainsi les Pays-de-la-Loire, région qui ne trouve d'unité historique et humaine quà la fin du XVIIIe siècle, alors qu'elle était secouée dans son ensemble par les mouvements contre-révolutionnaires, Vendée et Chouanerie. Pour le président de la région, M. Fillon (RPR), la revendication cache une volonté de déstabilisation de lunité nationale. Venant d'un ancien ministre qui contribua à la réduction des acquis sociaux, et donc de l'égalité entre citoyens français, l'argumentation prête à rire... etc.
Un récent sondage affirme que 68 % des habitants de Loire-Atlantique se considèrent bretons. Existe-t-il de meilleurs argument que lexpression populaire ?
On sétonne aujourdhui que Nantes puisse se revendiquer Bretonne. Elle lest depuis le IXe siècle, il aura fallu 25 ans de propagande pour quon en vienne à penser le contraire. Exemple saisissant de la faiblesse et de la malléabilité des esprits, de la confusion entre aménagement du territoire et marketing !

La zone dinfluence de la ville de Nantes sétend sur la côte sud de la Bretagne jusquà Lorient, englobe les villes de Vannes, Redon, St-Nazaire, et au Sud ; La roche-sur-Yon (Vendée) et Cholet (Anjou - Maine-et-Loire). La région Pays-de-Loire, quand à elle, est orientée suivant un axe perpendiculaire, Paris/La-Roche sur-Yon. Ville de tradition maritime, elle se trouve donc « continentalisée ». La question qui simpose est de savoir sil ne vaudrait pas mieux profiter dun réseau économique déjà existant, plutôt que den construire un autre par la contrainte ? Ne sagirait-il pas ici dun inutile gaspillage ?
Dans lOuest français, aucune ville na de dimension réellement européenne. La plus grande, Nantes(5), même associée à St-Nazaire, aurait beaucoup de peine à se hisser à un tel niveau dinfluence. Il est donc nécessaire pour les principales villes de la région ; Brest, Lorient, St-Nazaire, Angers, Rennes et Nantes de sassocier en réseau et dallier leur potentialités et leurs compétences. La partition administrative actuelle est un obstacle à la réalisation déquipements lourds et coûteux, tant dans le domaine de la recherche que dans celui des transports. Le manque de concertation ne permet pas de réflexion globale qui soit profitable à tout lOuest, et contraint les deux régions à adopter des projets qui les satellisent davantage par rapport à lagglomération parisienne. Ce qui à moyen terme en fera des banlieues estivales où le salariat moyen viendrait se libérer sans complexe de ses onze mois de stress et de frustrations.
De plus, léloignement de laxe vital de lEurope est un facteur qui appelle à la constitution dun espace économique et administratif cohérent. La Bretagne historique par sa cohérence, sa dimension, par sa légitimité dancien état européen, semble être dans ses frontières restituées lensemble adapté.
Limage dune région, son identification à lextérieur, est aussi un élément important pour son développement et pour la diffusion des produits quelle fabrique. Une image brouillée, diffuse, contradictoire ou négative ne peut quêtre nuisible et pénalisante. Cela se traduit en terme demploi, sachant que ce sont les petites et moyennes entreprises qui génèrent le plus dembauches. Cela est particulièrement vrai dans le domaine touristique. Les campagnes de promotion, tant en France quen Europe profitent davantage au val de Loire (région Centre) quaux inoportuns « Pays-de-Loire ».
Il y a certainement plus de différences entre la Bretagne d'aujourd'hui et celle du début du siècle, qu'il n'y en a entre Nantes et le reste de la Bretagne. Encore une fois, la question nest pas de savoir si Nantes correspond point par point aux stéréotypes admis (ou imposés) qui font l« identité bretonne », mais pourrait-elle être un constituant dun espace de vie et de développement économique et social qui sinscrit dans la réalité du XXIe siècle ? Les ensembles social, culturel, économique et politique doivent-ils être superposables par la contrainte administrative ? Les compétences d'un conseil régional sont-elles d'élaborer un stéréotype culturel, ou au contraire d'être à l'écoute de l'expression populaire, de ses différences, à tous les niveaux de l'échelle sociale et de mettre la culture à la portée de tous ?

À en juger par le sondage sus-cité, les Nantais seraient favorables à réintégrer la Bretagne. Cependant, la participation à la manifestation du 6 mars (environ 3 000 personnes) révèle que ce nest pas une préoccupation majeure. Le référendum, demandé par le Comité pour lUnification Administrative de la Bretagne (CUAB, organisateur de la manifestation) a été refusé par le gouvernement (le ministre de lIntérieur qualifiant même les manisfestants de « pèlerins »). Le président du conseil général de Loire-Atlantique (qui a le réel pouvoir de déclencher la procédure) refuse, quant à lui, dévoquer la question avec les élus.
Les arguments du refus sont quil existe des priorités économiques et que « cela coûterait cher ». Ensuite, redessiner la carte administrative remettrait en question les tracés de plusieurs régions (Poitou-Charentes, Centre - Val-de-Loire, Bretagne, Île-de-France). Les véritables raisons sont certainement que les politiciens français nosent pas provoquer une véritable décentralisation et faire évoluer les institutions en les adaptant à la réalité européenne moderne, par peur de perdre un pouvoir sans partage.
Certains ténors politiques locaux préfèrent réfléchir à un « Grand-Ouest », ou à une « fédération armoricaine »(6). Les petits élus sefforcent quant à eux de satisfaire leurs état-majors parisiens, dont ils dépendent financièrement. Les chambres de commerce locales continuent à entretenir la rivalité entre Nantes et Rennes, alors quelles devraient penser à la concurence internationale par l'élaboration de projets communs (preuve de leur sens de lambition
)
Il est bien évident que la restauration de la Bretagne dans sa délimitation territoriale légitime ne serait pas sans poser de nouveaux problèmes comme par exemple le choix d'une « capitale », un possible déséquilibrage entre les zones rurales et les deux grandes agglomérations que sont Nantes et Rennes
On ne peut nier non plus les liens tissés entre Nantes et les départements voisins, Vendée et Maine-et-Loire. Le rôle de Nantes ne serait-il pas alors d'être une « capitale suprarégionale » ou « interrégionale » ? En France, où les régions ne sont que les caricatures du modèle centraliste de l'État, une telle idée aurait de la peine à faire son chemin.
En attendant, dans les bureaux du service communication de la région Pays-de-Loire, le « renforcement de lidentité régionale » reste une priorité. On promotionne cette identité comme lon vendrait un baril de lessive ou un portable dernier cri. On distribue au tout venant des produits dérivés portant le logo ; le chauvinisme officiel de la « région produit » sinsinue dans tous les replis de la vie culturelle et associative (contre attribution de subventions), brouillant ainsi limage dune ville et de sa région, compromettant ses espoirs de développement. Quelques « fonctionnaires de linformation » décident ce quà été, ce quest, ce que doit être la sensibilité, lhistoire et la culture de plusieurs millions dindividus, avec le mépris satisfait du faiseur dopinions. Lignorance et la vulgarité sont au pouvoir
Le Pays-Nantais, comme le reste de la Bretagne est attaché à son histoire, non pas par « culte des racines », mais avec le soucis de préserver un certain modèle social fait de convivialité et de solidarité. Les Nantais ne se revendiqueraient probablement pas bretons si on ne s'acharnait à leur faire admettre le contraire. La population prouve spontanément son attachement à une culture qui na survécu que grâce à la volonté et à linitiative de quelques personnes, sans subventions et sans aides politique(7).
Si les institutions et les élites ont réussi à faire de la culture bretonne un véritable tabou à Nantes, synonyme d'archaïsme, elle devient un élément important et moderne dans la communication de la ville de Rennes et son identification. Un peu partout en Bretagne cette culture est un facteur de cohésion sociale fort, tandis qu'elle se fait connaître un peu partout à travers le monde. En quelques années d'existence, les Pays-de-la-Loire n'auront réussi qu'à anéantir l'image de Nantes, déjà difficile à cerner, et à imposer à la population le doute sur sa propre personnalité. L'identité bretonne n'est certes qu'un constituant de l'identité nantaise, vécu ou non par chacun, de manière différente. Mais les Nantais ne vivraient pas moins bien si on les les laissait être eux mêmes sans vouloir à tout prix les étiqueter, leur imposer cette « culture », cette « identité ligérienne » de pacotille.
Laurent GIRARD
Notes :
1. Certains font remonter au XIXe siècle la partition, lors d'une réorganisation des régions écclésiastiques.
2. Ancien nom de la Loire-Atlantique jusque dans les années cinquante.
3. Le terme de « capitale » est assez récent (XIXe s.). En Bretagne, la coutume était que la cour circule entre les villes de Rennes, Vannes et Nantes. Après lacte dunion, Rennes deviendra le siège du parlement puis « capitale » dun État qui nen étais plus un.
Sil fallait trouver une concurence à la ville de Nantes, elle se porterait plutôt vers Anvers, Le Hâvre, Bordeaux ou Bilbao.
4. Dun point de vue linguistique, on distingue deux grandes régions en Bretagne : Ouest bretonnant (correspondant au plus fort peuplement breton) et Est gallo-francophone. Cette distinction nest plus trop valable aujourdhui étant donné raréfaction de la pratique du breton et du gallo. La frontière linguistique se trouve plutôt dans la tête des Bretons, au moment où ceux-ci décident dapprendre ou de transmettre la langue.
On peut comparer la Bretagne à lÉcosse où lon distingue lowslands et highlands. Cependant, personne ne se risquera à faire admettre aux habitants de Glasgow ou dÉdinbourgh que leur ville nest pas écossaise !
5. 268 000 habitants, 543 000 dans lagglomération, environ 680 000 dans la conubation Nantes - St-Nazaire (Basse-Loire).
6. Le « Grand Ouest » dont on parle depuis de nombreuses décénies, ne viserait quà marginaliser la partie occidentale de la Bretagne ou encore à noyer le particularisme breton. De plus, cette notion est percue de manière différente qu'elle soit évoquée à Rennes ou à Nantes. D'un côté elle inclu la Basse-Normandie, de lautre le Poitou-Charentes, chaque métropole voulant être le centre de l'ensemble. Ceci ne nous éloigne donc pas d'une conception centraliste de la région.
Le terme "Grand Ouest", colporté par la presse et les lobbies économiques locaux n'est pratiquement pas utilisé par les Bretons (qui auraient tort de ne pas profiter de la notoriété de leur région. Ce vocable ne fini donc que par identifier l'agglomération Nantes - St-Nazaire.
Nottons que Nantes et Rennes éloignées de 140 km, sont depuis juin 1999 reliée par le rail en 1 h 15 (plus de 2 h auparavant avec 1 ou 2 correspondances). Jusqualors, aucune villes européennes de cette importance et aussi proches nétaient aussi mal désservies entre elles. Les régions Bretagne et Pays-de-Loire commencent enfin, mais lentement à mettre en place une politique interrégionale.
7. Rappelons quen France, 90 % du budjet alloué à la culture demeure en région parisienne. Les dernières réalisations dans ce domaine (comme par exemple la Très Grande Bibliothèque), se révèlent des gouffres financiers, et la lourdeur de leurs fonctionnements nen font pas les références dun prétendu esprit éclairé et universel.
Une région à la recherche d'une reconnaissance internationale
Roselyne Bachelot réserve le mot de Cambronne à Donald Rumsfeld
PARIS (AP) -- Le mot de Cambronne pour Donald Rumsfeld. Telle a été la réaction de Roselyne Bachelot, jeudi, après les propos du secrétaire américain à la Défense qualifiant le couple franco-allemand de «vieille Europe» parce que ces deux pays s'opposent à une action militaire contre l'Irak sans l'assentiment du Conseil de sécurité.
«Si vous saviez ce que j'ai envie de lui dire, à M. Rumsfeld... Vous savez, moi je suis des Pays de la Loire, et il y a dans les Pays de Loire une célébrité qui s'appelle Cambronne...», a, sybilline, sur Europe-1, la ministre la ministre de l'Ecologie et du Développement durable. AP
NDLR Cambronne est né le 26 décembre 1770 à Saint-Sébastien, près de Nantes, à une époque où les Pays de Loire n'existaient pas encore. Il a toujours nié avoir prononcé le mot qu'on lui prète.
La question nantaise touche un éventail large de la population et est loin de ne sensibiliser qu'une fraction minoritaire de "nostalgiques extrémistes".
Extrait d'un article du Télégramme de Brest concernant la table ronde du 29 janvier 03, à Nantes, sur le thème de l'écologie, en présence du Président Chirac et de Roselyne Bachelot.
(© F. Motta)
(...) Son président, le Vannetais, Yves Coppens, professeur au collège de France (paléonthologue, découvreur de Lucy) est venu en présenter le contenu, non sans rappeler que « le Far-West de l'Eurasie », à savoir la Bretagne, comprend aussi Nantes, ce qui a déclenché des applaudissements nourris. Il s'est dit convaincu que « l'irruption, dans la Constitution, de la protection de l'environnement rendrait celle-ci solennelle et par suite, efficace ». (...)
Made in Pays de la Loire !
C'est ainsi, en bafouant la constitution (qui stipule que la langue de la République est le français), que le site internet de la Région Pays de la Loire (http://www.paysdelaloire.fr/) annonce haut et fort la mise à l'eau du Queen Mary.
L'expression du chauvinisme ligérien est de bien mauvais goût.
Rappelons que si le Queen Mary fut construit à Saint-Nazaire (en pays breton, comme le dit M. Sardou dans sa chanson hommage au France, autre courreur des mers), c'est avant tout à ces hommes et femmes qui y travaillèrent qu'il faut rendre hommage.
Beaucoup d'entre-eux sont Nazairiens, d'autres viennent d'Allemagne, d'Italie, de Pologne, de Roumanie, d'Asie
Le Queen Mary est un ouvrage international et non pas strictement "ligérien".
La presse a su faire part des conditions de travail et d'accueil réservées aux ouvriers étrangers, sous-payés, mal logés. Peut-on être fier d'avoir permis toutes ces dérives, toutes ces atteintes au droit du travail, toutes ces inégalités entre travailleurs de par leurs origines ?
La région Pays de la Loire se voudrait-elle donc être un nouveau modèle social ?

Loire-Atlantique et Bretagne, le dessous des cartes
Vous trouverez dans cette page quelques exemples de l'utilisation faite du graphisme et d'autres moyens de communication, qui consiste, volontairement ou non, à accréditer l'exclusion de la Loire-Atlantique de la Bretagne par l'imposition d'images emblématiques.

Pour en savoir plus.
Historique du découpage régional :
http://www.nouvelouest.com/no/mag/mag/075/bzh3.htm
http://www.nantes.maville.com/l
http://dossiers.ouestfrance.fr/
http://www.letelegramme.com/
http://bretagne.unie.free.fr/
http://www.paysdelaloire.fr/indexflash.htm
Le site du Comité pour l'Unité Administrative de la Bretagne
http://www.cuab.org/
Sur le patrimoine et la tradition musicale du Pays Nantais :
http://bas44.free.fr/pays.html

|
 |