e mazout de lErika a depuis longtemps quitté nos écrans. Cependant le traitement de la polution nest pas terminé et de nombreuses questions sont en suspens.
Tout dabord on peut sinterroger sur lefficacité des méthodes proposées par lÉtat pour solutionner le nettoyage. Les nappes de pétroles nétaient pas encore arrivées sur les plages que lévénement servit de moyen de propulsion pour quelque député vendéen adepte du show médiatique (une couche de sable, une couche de fioul, un couche de Villiers). Par la suite ce sont quelques ministres qui en profitèrent pour se livrer à de nouvelles querelles (environnement et intérieur).
Alors que les moyens mis en uvres mirent du temps à être coordonnés par une seule celulle de crise, les structures administratives étant des barières difficiles à franchir, les populations concernées firent preuve dun dynamisme exemplaire, aidées par des bénévoles venus de toute lEurope. Une main d'uvre certe généreuse, mais surtout à bon prix. Les pollutions non pas de frontières, la solidarité non plus, preuve, on le souhaiterait, dune citoyenneté européenne qui sexprime malgré la toute puissance des marchés. Les pouvoirs publics quant à eux sont à la traine et les citoyens français dans leur ensemble assumeront les frais de la catastrophe. Paradoxe : tandis que les libéraux demandent toujours moins d'État, il est du ressort de ces mêmes États d'assurer la sécurité du secteur privé et multinational, mais aussi d'assumer son irresponsabilité.
Contrairement à ce que beaucoup affirmaient, depuis la catastrophe de lAmoco Cadiz, un véritable travail a été fait pour prévenir ce genre dévénement. Mais le trafic na cessé daugmenter, tandis que certains déréglements commerciaux le réduisait à néant. La marée noire de lAmoco ressurgissait elle même, à mesure que lon retrouvait ça et là dans des décharges sauvages, ses déchets oubliés depuis plus de vingt ans.
La Bretagne sinterroge aujourdhui sur le devenir de sa saison touristique, comme si le loisir des autres était sa seule raison dexister. Sa façade maritime permettrait cependant à la France de se hisser au premier rang pour le transport par voie de mer, de peser ainsi sur le commerce mondial et ses réglementations, si une réelle politique existait dans ce sens.
Ce genre daccident nest pas une fatalité. Il est la conséquence non pas de la « mondialisation », mais de la dilution des responsabilités jusquà leur disparition totale, dans une société où largent nest plus au service de lhumain mais son dieu et maître.

