Laurent
GIRARD

Mai 2000

epuis quelques années, la Bretagne n’a cessé de faire parler d’elle de manière croissante. C’est dans le domaine culturel, particulièrement par la musique, que s’est tout d’abord manifesté le sentiment identitaire breton au début des années 90. Auparavant, après la vague folk des années 70, la Bretagne semblait plutôt endormie.
Dans le sillage de ses musiciens, elle donne aujourd’hui les signes d’un réel dynamisme, tant dans le domaine culturel, que dans celui de l’initiative économique. D’aucun souhaiteraient que cela ne soit pas qu’un simple effet de mode, mais bien l’annonce d’une renaissance politique, permettant à la Bretagne de pouvoir prendre en charge les problèmes qui ne la concerne qu’elle seule, et de donner de la voix dans les institutions européennes, sans intermédiaire.
L’audience des partis politiques régionalistes s’accroit. De nombreuses associations interpellent les pouvoirs publics sur les questions culturelles et sociales, la jeunesse est très impliquée et active. Enfin, l’Armée Révolutionnaire Bretonne, ou ceux qui s’en revendiquent, a repris du service.
À lire certains articles de la presse nationale, caractérisés par la mauvaise foi de leurs auteurs, le manque d’investigations, le choix délibéré de phrases et d’énoncés sortis de leurs contextes, l’utilisation de titres sensationnels et polémiques, le travestissement des propos de militants, l’absence de droits de réponses ; la Bretagne serait en proie, au choix : à une dangereuse bouffée de violence quasi mafieuse ; ou à une inquiétante dérive identitariste à consonnance néo-fasciste. La plupart du temps, ces deux épouvantails sont réunis en un seul, par soucis d’économie.
L’armée « chouanne » camperait aux portes du périphérique… La lutte anti-fasciste devient une véritable chasse aux sorcières irrationnelle…



Le mouvement politique breton est une nébuleuse. De l’extrême gauche à l’extrême droite, il défend principalement l’idée d’une autonomie du territoire (voire d’une indépendance) dans l’ensemble européen, mais surtout, la promotion de la langue et de la culture bretonnes. Ce sont des idées qui évoluent en fonction des époques et de ceux qui les portent.
Cette mouvance militante, fédérée sous le terme d’« Emsav », ne parle pas d’une voie unique. Elle compte peu d’élus, elle a peu accès aux médias, ne maîtrise pas son image, elle est désunie, voire querelleuse. Du fait qu’elle est plus portée vers l’action culturelle et associative que purement politique, son influence demeure malgré tout importante, mais surtout pas folklorique.
Enfin, sa complexité exigerait qu’elle ne soit pas traitée de manière aussi simpliste.



Il est vrai que les sujets abordés par la presse ont de quoi fâcher. Ils concernent principalement le rôle controversé joué par de nombreux défenseurs de la cause bretonne, durant la seconde guerre mondiale. Nombre d’entre eux pensèrent que la défense de la Bretagne pouvait même justifier une alliance avec l’occupant nazi, contre un autre « occupant » ; la France. Des milices bretonnes furent formées et armées contre les maquis. Leurs effectifs étaient cependant dérisoires au regard du nombre de résistants, mais leurs exactions ont laissé une tache tenace qui marque encore la vie politique bretonne.
Si l’entre-deux-guerres est caractérisée par l’influence profonde d’un romantisme des plus douteux, les militants de l’après guerre furent marqués par la résistance, la guerre d’Algérie et les luttes de libération des peuples colonisés. Ils s’attachèrent à rompre d’avec leurs ainés. La conscience politique bretonne d’aujourd’hui ne s’appuie pas sur un culte des racines idéales et exclusives, mais plutôt sur la prise de conscience d’un statut de « colonisé (1) » économiquement défavorisé, forgée dans les luttes des années 70 (grèves, marrées noires, manifestations antinucléaires.
Une autre grande ambiguïté est la relation brumeuse entretenue entre culture et politique. Pour beaucoup, cette dernière sert de façade à un objectif, souvent non avoué, qui est la recherche d'une souveraineté bretonne.
Le contexte culturel et historique donne raison aux nationalistes (la Bretagne aurait eu toute légitimité à parvenir à un statut d'État indépendant, pas moins qu'Andore ou Monaco). Où ils se trompent en revanche, c'est en pensant que le modèle état-national puisse être un système d'avenir. En effet, celui-ci a fait son temps. Comme le dit le sous-commandant Marcos, le pouvoir ne se situe plus au niveau des États, mais des sociétés transnationales. Les États étant réduits à gérer leurs volontés, le pouvoir qu'ils abandonnent n'est certainement pas restitué au citoyens. La catastrophe de l'Erika ou les polutions agricoles, et leurs traitements lamentables, illustrent bien ce propos.
Ce qui frappe avant tout dans la mouvance politique bretonne est justement le manque de culture politique, un regard critique sur soi sommaire, une forte vulnérabilité, sinon grande une faiblesse face aux manipulations.
Les Bretons en général ont cependant su faire la part des choses. Se montrant très attachés à leur spécificité culturelle (rappelons que la culture bretonne est l'une des dernières cultures populaires vivantes en Europe, espace de grande créativité artistique et facteur de cohésion sociale fort), ils sont peu sensibles au discours nationaliste, sinon par réaction.
Mais dans un État élitiste, comme la France, qui n'a su évoluer que dans la violence, et où la Bretagne s'est souvent trouvée à contre courant (réactionnaire quand la France était progressiste et progressiste quand la France était conservatrice) la culture bretonne reste perçue comme subversive.
Quoi qu'il en soit, les nationalistes, qu'ils soient de droite ou de gauche, ne sont que le reflet de l'intransigeance française en matière culturelle, de sa peur de sa propre diversité linguistique et culturelle.
Accuser sans nuances et sans distinction les militants culturels et politiques bretons de tentation ultra-droitière (alors que nombre d'entre eux furent en première ligne dans le combat contre la récupération par l’extrême droite des symboles et des revendications régionalistes, dédaignées par le reste de la classe politique) est une critique aussi pertinente que de voir en chaque musulman un dangereux islamiste.



Récemment, une école Diwan (associative, laïque et bilingue) prit le nom de Roparz Hemon.
R. Hemon, écrivain, linguiste de premier ordre par sa contribution à la modernisation de la langue bretonne, par ailleurs espérantiste convaincu, fut sous l’occupation animateur d’une radio en langue bretonne financée par les nazis. Rappelons que tout organe de presse devait être soumis à l’approbation des autorités allemandes. Il lui est reproché un certain nombre d’écrits anti-sémites, bien que les preuves ne soient pas à la portée du public. Face au zèle des résistants de la dernière heure, on ne peut que comprendre la fuite de R. Hemon en Allemagne (parmi 20 000 autres français). Bien qu’il ne fut ni théoricien du nazisme, ni préfet dans la France occupée, encore moins après…(a)
S’agissant d’un lieu d’enseignement, le choix n’était peut-être pas judicieux. Il va de soi que le parcours de Hemon demande à être éclairci et qu’une telle personnalité est aussi à replacer dans le contexte de l’époque. Mais c’est avant tout à ses qualités de linguiste qu’il fut rendu hommage.
Dans un soucis de logique, on pourrait songer à rebaptiser les écoles portant en France le nom de Voltaire, celui-ci ayant investi une partie de sa fortune dans la traite négrière, reconnue comme crime contre l’humanité (2)

La parution quotidienne dans le quotidien Ouest-France d’une bande dessinée retraçant l’histoire de la Bretagne, est aussi évoquée. Celle-ci entend écrire l’histoire vue de la Bretagne et non à travers le prisme parisien. L’exercice est difficile et déjà un crime de lèse-majesté.
Quelques vignettes concernant la deuxième guerre mondiale, relativisent l’engagement des nationalistes bretons, comparent les victimes du nazisme et du stalinisme, enfin, ne parlent pas de la Shoah. Effectivement, oublier de parler des millions de morts juifs dans les camps est une erreur, que se promètent de rectifier les auteurs face aux pressions.

Ces deux exemples ne permettent pas de juger s’il s'agit d'une réelle infiltration révisionniste, d'une tentative de récupération dépassant le contexte breton, d'un abrutissement propre à tout militantisme ou d'une érosion du souvenir qu’on ne voudrait déceler qu’en Bretagne par peur de s’interroger sur la société française dans son ensemble, « le fasciste, c’est les autres »… Quoi qu’il en soit, c’est l’ensemble de la communauté culturelle bretonne qui est visée ou qui se sent visée.



Le cas breton n’est pas exceptionnel. Les nazis tentèrent à plusieurs reprises de s’allier et de manipuler des mouvements nationalistes afin d’affaiblir leurs ennemis ; comme par exemple les Tchétchènes contre l’Union Soviétique ou les Arabes de Palestine contre les Anglais.
Dans les ouvrages consacrés à la Bretagne, les informations sur la période des années 30 et 40 sont frustrantes ; très souvent partielles ou contradictoires. Omissions volontaires ou tabou ?
Le Centre de Recherche Bretonne et Celtique annonce pour l’année prochaine la tenue d’un colloque sur la Seconde guerre mondiale en Bretagne. Un peu tardif, il n’aura certainement pas la possibilité de réparer les dégats causés par une manipulation médiatique peu délicate, qui, plutôt que d'ouvrir les yeux et d'instruire sur le passé de figures militantes peu recommandables, tend à mettre, jusqu'aux militants les plus sincères, en position d'assiégés. Il sera cependant l’occasion de faire la lumière sur l’action de certaines figures emblématiques du mouvement breton, ainsi que sur celle de hauts fonctionnaires de l’État en Bretagne…



Pays maritime par excellence, la Bretagne est, depuis l’Antiquité en contact avec le reste du monde. Tout d’abord située sur la route de l’étain, elle entretint des relations ténues avec le Moyen-Orient. Au moyen-Âge, la flotte bretonne était l’une des plus actives d’Europe, au croisement des routes entre l’Espagne, les Pays-Bas et la Baltique. C’est, suite à son union avec la France, la politique continentale du royaume et des régimes qui suivirent qui sonna le glas d’une industrie déjà florissante. La Bretagne s’enfonçait dans un lent déclin. À partir de la Révolution elle devint même une sorte de double obscur d’une France partagée entre ses origines celtiques et son admiration pour un empire romain mystifié. Pour le bien de la Nation, la langue bretonne fut condamnée à disparaître. Le pays devint un réservoir de main d’œuvre et de chair à canon bon marché. Ce n’est qu’après la dernière guerre que fut entrepris une réindustrialisation et une modernisation du pays sous l’impulsion du Celib, Comité de liaison des intérêts bretons.
Les Bretons sont conscients aujourd’hui que la santé de leur économie est étroitement liée à son ouverture sur le monde, mais aussi à celle de l’État dont elle dépend ; la France, qui n’a jamais su tirer profit de ses principaux atouts ; une façade maritime immense et des ports qui pourraient rivaliser avec leurs omologues européens.
En Bretagne, la conscience démocratique n’est pas à démontrer, elle est une exigence. La population n’est pas à franchement parler perméables aux idéaux d’extrême droite, le faible score du Front National le montre. Qu’un parti fasse siennes ces thèses, il y a fort à parier qu’il ait peu d’influence sur la population. À long terme, de telles idées ne peuvent que conduire à la destruction pure et simple de la spécificité culturelle bretonne.


« La seule réponse à faire aux revendications linguistiques bretonnes, c’est d’emprisonner tous ceux qui les formulent. »
Albert Damier, ministre du travail et de la prévoyance sociale (1932)

La langue bretonne a perdu la majorité de ses locuteurs au cours de ce siècle. Les derniers bretonnants de naissance ne sont agés, la transmission maternelle ne se fait presque plus. Elle est condamnée à mourir dans les prochaines décénies si d’ancien locuteurs ne se remettent pas à la pratiquer, si de nouveaux (dont l’origine ne sera pas exclusivement bretonne) ne se mettent pas à l’apprendre. Elle doit être capable de souvrir au monde moderne, à la vie citadine qui est celle de la majorité des bretons. Si elle devient la propriété d’une minorité réfractaire et sectaire, il est certain qu’elle n’a aucune chance de survie. Elle doit donc se trouver sa place dans la société française, dans le respect du droit et de la diversité. Place qui doit être définie sans excès de la part de ses défenseurs, et sans restriction inutile de la part du pouvoir. Un véritable débat est nécessaire. Entre son utilisation comme arme politique entre les deux têtes de l’exécutif, et massue obscurantiste de la part des « talibreizh », il lui reste de la place, celle que mérite toute langue capable d’exprimer les émotions humaines.



Le problème ici n’est pas de savoir s’il existe en Bretagne des défenseurs d’une identité exclusive, il y en aura probablement toujours, mais de savoir si la population est en mesure d’y adhérer. Constatant le parcours inquiétant du Front National et de ses idées en France, il y a plus d’une raison de retourner le problème. La société française ne génère-t-elle pas ce genre de sentiments ? La France a-t-elle réellement fait son autocritique, notamment en ce qui concerne la participation d’intellectuels français à l’élaboration des thèses antisémites, le résultat dévastateur de son épopée coloniale, « la biologisation » de son idéal universaliste ?
Face aux dérives racistes, les procès publics sont inutiles, sinon dangereux car risquant de créer des ghettos idéologiques. Dans de telles situations, seuls l’éducation, le dialogue, l’élévation générale du niveau culturel d’une population, l’enseignement de l’Histoire, le développement d'une conscience civique et enfin la réduction des inégalités peuvent être suivis d’effets. Il y a lieu de s’inquiéter.
Les militants culturels ne se reconnaissent pas dans ce procès médiatique. Quel intérêt y a-t-il à les faire passer pour de dangereux fascistes en devenir ?
La première réponse qui pourrait venir, un peu simpliste, serait basée sur le constat d’un total manque de jugement chez certains journalistes, qui par simple orgueil se permettraient de juger qui est fasciste, qui ne l’est pas, à la lumière d’une prétendue supériorité culturelle de la capitale… argument qui a très bonne presse, et qui traduit assez bien le mépris ressenti par les provinciaux à travers les médias, mais aussi un sentiment d’infériorité encore vivace. « Paris nous prend pour des ploucs ! » titrait un hebdo… Le sarcasme gratuit aurait remplacé l’investigation et l’analyse, ce qui ne serait pas à l’honneur de la profession de journaliste.
On peut aussi penser, que les orientations budgétaires de l’actuelle majorité régionale en faveur de la culture et de l’identité bretonne, ne plaisent pas à tout le monde ; particulièrement à des responsables de structures culturelles dont l’existence dépend beaucoup de leurs relations avec le milieu politique.
Enfin, il n’est pas interdit de supposer qu’une partie de la gauche et de l’extrême-gauche, en pleine crise d’identité, s’inventent un nouvel ennemi intérieur, un bouc-émissaire, une anti-France qui serait à même de redonner un sens à l’idée de « nation française », en quelque sorte, une récupération gauchiste du nationalisme français. On chercherait ainsi à entâcher la réputation des militants associatifs afin que l’État n’aie aucun interlocuteur valable dans la conduite de négociations, en particulier sur la signature de la Charte européenne des langues minoritaires.
Prétendre que la défense des différerences culturelles puissent conduire à l’intolérence est agiter un leurre, dans le but de laisser dans l’ombre la nature intime de la société française : un apartheid social, ou sont baffoués les droits élémentaires de la personne humaine ; le droit au logement, au travail et à une justice équitable, et où les acquis sociaux ne cessent d’être bradés sur l’autel de la rentabilité capitaliste (3).



S’il est bien une exception française, c’est la logique de l’affrontement. Le président Chirac s’était prononcé en faveur d’une révision de la constitution afin de permettre à la France de ratifier la Charte européenne. Le dossier fut pris en main par le gouvernement, qui après réflexion jugea que la chose était possible. Quelques temps plus tard, le conseil constitutionnel tranchait. Il n’était pas du ressort de l’État d’accorder aux langues régionales les moyens de survivre, ni de se développer. La manœuvre servit davantage à mettre dans l’embarras le gouvernement qu’à résoudre la question. Depuis, le Président était allé féliciter les Inuits du Canada, lors de l’inauguration de leur assemblée nouvellement constituée, sans doute par nostalgie gaulliste…
La France défend avec un sentimentalisme certain les cultures minoritaires hors de son territoire, défend sa spécificité face à l’impérialisme anglo-saxon, mais ne consent pas à reconnaître sur son propre territoire des différences linguistiques… Cette incohérence du pouvoir est très mal perçue en Bretagne.



Face au mépris et au silence de la classe politique, à l’absence de débat démocratique, substitué par des campagnes de presse diffamantes, l’idée selon laquelle l’État français n’est pas réformable, et que seule une rupture avec la France pourrait garantir reconnaissance culturelle, dignité et développement, risque de trouver de plus en plus d’écho. La violence et les attentats trouvent une nouvelle justification dans une frange encore ultra-minoritaire de la population, constituant un véritable ghetto, entretenu par la classe politique et les médias locaux et à la merci des manipulations.
C’est contre cette possible dérive qu’a été lancé le 28 octobre 1999 « l’Appel de Carhaix », collectif qui a récolté l’adhésion de très nombreux citoyens et représentants de la vie culturelle bretonne, afin d’interpeler les élus et la classe politique, et refusant « que la société bretonne soit enfermée dans une cycle de violences [que nous refusons] et dans un étouffement du débat politique par le processus classique provocation-répression ; que les aspirations légitimes se heurtent sans cesse à des murs… »

Dans la confusion règnante, où les notions confondues de nationalité et de citoyenneté perdent de leurs sens, les bretons défendent depuis plusieurs décennies une « nationalité du cœur » qui ne peut nullement être exclusive comme le sont le droit du sol et le droit du sang.
La situation bretonne d’aujourd’hui est exceptionnelle (pour combien de temps ?). Elle montre qu’il est possible de défendre une langue et une culture tout en restant ouvert aux autres. Elle ne demande qu’à être prise en considération, pour le bénéfice de tous les Européens.
Les Bretons ne sont pas non plus adeptes de l’indépendantisme, comme on cherche à le faire croire trop souvent. Ils ne se distinguent pas beaucoup des autres français dans leur souhait de société : inverser le rapport entre l’État et le peuple, faire reconnaître la force constructive des citoyens face à un État planificateur, désincarné et autoritaire.
Les critiques dont sont l’objet les militants culturels bretons sont excessives et déplacées, même s’il n’est pas inutile de rappeler (particulièrement aux jeunes générations) qu’aussi noble soit la culture bretonne, sa défense ne justifie pas la souillure.

Laurent GIRARD


Notes :

1. Ce terme qu’utilisèrent les autonomistes semble bien sûr exessif. Si la situation bretonne n’avait rien de commun avec les pays africains quant au respect des droits de l’homme, sa dépendance était néanmoins totale.
2. Cette provocation consiste, bien sûr à comparer deux aspects d’une même personnalité et non pas deux génocides.
3. C’est le droit qui est le ferment de la société française, et non l’hérédité. On peut donc s’interroger sur les conséquences d’une justice à deux vitesses, ou encore de la remise en question des acquis sociaux (ou leur privatisation) qui garantissent l’égalité des citoyens.


Notes complémentaires :

a.Peu de voix se sont élevées dans la presse française quand un présentateur de télévision très populaire, Pascal Sevran, affirma qu'un jour, un lycée portera le nom de L.-F. Céline en reconnaissance des talents de ce grand écrivain...


Dérive paranoïaque

Parmi les relais actifs de cette chasse aux sorcières, il faut compter le réseau Voltaire
Le président dudit réseau, T. Meyssan, qui se réclame de la libre pensée, s'est fait remarquer plus tard par un ouvrage intitulé "L'effroyable imposture" affirmant qu'aucun avion ne s'était écrasé sur le Pentagone le 11 septembre. C'est probablement avec la même finesse d'esprit que le Réseau Voltaire mena ses investigations en Bretagne.


Sur un autre sujet

Renvoi aux assises de militants bretons. Décision aujourd'hui.
Le Télégramme, 21 février 2003
La cour d'appel de Paris se prononcera cet après-midi sur le renvoi devant les assises de onze militants indépendantistes bretons pour leur responsabilité présumée dans 17 attentats perpétrés en Bretagne entre1993 et 2000. Si certains ont reconnu leur participation à plusieurs attentats ayant fait des dégâts matériels, tous nient leur éventuelle implication dans l'attentat contre le McDonald's de Quévert (22), en avril 2000, qui avait coûté la vie à une jeune employée, Laurence Turbec, et avait provoqué une vague d'émotion en Bretagne.
Le procès n'est pas prévu avant 2004, certains prisonniers sont en détention préventive depuis plus de trois ans (NDLR).


Bibliographie :

La Bretonnité,
Une ethnicité problématique.
Pierre-Jean Simon
Terre de Brume, Presses Universitaires
de Rennes, 1999
À bien y regarder, toute ethnicité est, chacune à sa manière problématique. Et la bretonité ne l’est, sans doute, ni plus ni moins qu’une autre. De telle sorte que par un cas singulier, à travers ses particularités, c’est un problème général de notre modernité qui est abordé ici.
La bretonnité, ce serait le fait d’être breton et la manière – ou plutôt les manières qui sont assez diverses – de l’être, objectivement et subjectivement. Question, en réalité plurielle : Qu’est-ce qu’en soi être Breton ? Mais qu’est-ce qu’être Breton pour les autres ?
Et quels sont aujourd’hui les enjeux du passage de la bretonnité négative, liée à la situation minoritaire, à la néo-bretonnité, cette ethnicité réinventée ?

Pierre-Jean Simon, docteur ès Lettres et Sciences humaines, est professeur de sociologie à l’université de Haute-Bretagne/Rennes 2.